Un investisseur qui aurait placé 1000 euros sur Nokia en 1991 en aurait 247 000 aujourd'hui...
Au pays des regrets il est une question qui taraude beaucoup d'investisseurs : "Quel est le portefeuille qui m'aurait fait millionnaire?" Il y a en effet des "actions" en "or" : un investisseur qui aurait acheté 1000 Microsoft à 27,50 dollars fin mars 1986 se retrouverait aujourd'hui à la tête d'un capital de 9,66 millions de dollars. "Soit un return annuel moyen de 30%, ce qui est assez exceptionnel", note Xavier Servais (Damien Courtens & Cie, membre du groupe Allianz). Ou encore, quelqu'un qui aurait acheté en 1964, lors du lancement de Berkshire Hathaway, le fond de Warren Buffet, pour 1000 dollars de titres détiendraient aujourd'hui plus de 3,6 millions, soit un return de près de 22%. Sur la même période, l'indice américain de référence, le S&P500, n'aurait offert "que" 65 000 dollars.
Quelles sont donc ces valeurs, accessibles à tout un chacun, qui ont, sur une longue période, donné des rendements exceptionnels? Nous avons comparé les returns en euros, en réinvestissants les dividendes perçus dans l'action, des vedettes de trois indices : le S&P500, l'EuroStoxx50 et le Bel20, depuis le 31 décembre 1991 à aujourd'hui.
Sur le marché américain, le gagnant est le constructeur d'ordinateur Dell : 1000 euros (ou l'équivalent à l'époque) investis fin 91 sont devenus aujourd'hui 97 250... Une croissance qui repose sur un modèle basé sur la vente en ligne, évacuant du même coup une grande partie de la marge des intermédiaires, et sur l'appétit grandissant du public pour des ordinateurs personnels. En deuxième position suit le groupe spécialisé dans la gestion et le stockage d'informations EMC (les mêmes 1000 euros sont devenus 73 034 euros), l'équipementier télécom Cisco (67 357), le groupe de distribution de produits électroniques par Internet Best Buy (67 072) et le concepteur de logiciels pour entreprise Oracle (55 066). A titre de comparaison, sur la même période, 1000 dollrs en Berkshire Hathaway auraient donné 12 008 dollars aujourd'hui, et un peu plus de 20 000 en Citigroup.
Sur le marché européen, le vainqueur toute catégorie est le finlandais Nokia. C'est loin d'être une start-up puisque, originellement, le groupe est né dans les années1860 et était un groupe forestier, qui s'est diversifié ensuite dans le caoutchouc et le câble. Puis vers les années 1960, vers l'électronique et les téléviseurs avant de devenir aujourd'hui le premier fabricant de GSM au monde et un des plus grands équipementiers télécoms.
Mille euros placés fin 91 dans cette action pèsent aujourd'hui 247 085 euros ! C'est le gagnant toute catégorie. Viennent ensuite, assez loin derrière, Philips (9 511), l'Oreal (8 579).
Sur le marché belge, une difficulté supplémentaire surgit car, entre 1991 et aujourd'hui, une grande partie des poids lourds ont été absorbés : BBL, Tractebel, Electrabel, Petrofina ... Et puis, on sait que notre indice de référence ne se caractérise pas par la présence de nombreuses valeurs technologiques. Le meilleur rendement sur 16 ans est donc à mettre à l'actif d'une splendide société, Colruyt, active dans un secteur des plus classiques puisque l'on parle de grande distribution.
Ce n'est pas tant le secteur que le potentiel de croissance qui fait le bon placement. Ainsi, 1000 euros dans Colruyt fin 91 sont devenu 14 850 aujourd'hui. Electrabel, qui aurait donné un peu plus de 11 000 euros, soit un return de 17,4% par an (on comprend l'intérêts de Suez pour cet actif). En suite, UCB, société chimique au départ dont le petit pôle pharmacie découvre un antiallergique révolutionnaire, le Zyrtec, qui place UCB sur orbite. 1000 euros dans UCB ont produit en 16 ans 8 969 euros. Mais 1000 euros en Ackermans van Haaren, coté seulement depuis février 1995, auraient donné 8 300 euros (soit un return de plus de 19% par an). Sur une courte période (5 ans), c'est néanmoins Umicore, avec 39% de return annuel, qui est le champion du Bel20 et hors Bel20, la performance de Distrigaz (return annuel de 56% depuis 2001) est également formidable.
Toutefois, pour être millionnaire rapidement, il aurait fallu davantage tabler sur les valeurs américaines, de forte croissance, dans la technologie et, bien sûr, repérer Nokia... Un investisseur qui au 31 décembre 1991, y aurait placé 2 000 euros, 2 000 euros en Dell, 2 000 euros en EMC, 2 000 eurosen Cisco, et 2 000 euros en Best Buy : ces 10 000 euros seraient devenus 1,05 millions d'euros, soit 100 fois plus... On peut toujours rêver.
Pierre-Henri Thomas